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Le quotidien de la vie

Concilier vie professionnelle de cadre, maternage proximal ou parentalité positive et agriculture biologique sur terrasse en ville.

L'intention bienveillante (authentique)

Parfois dans la vie, il est essentiel pour avancer de faire une pause et de constater ses échecs. D’admettre qu’à un certain niveau, sous certains aspects, les choses ne se passent pas ou plus comme elles devraient, en tout cas pas comme on l’aimerait.

Depuis un trimestre, je rencontre de vraies difficultés dans ma parentalité (que je voulais vraiment bienveillante et positive). Face à une situation personnelle très changeante (deuxième naissance, pas de reprise du boulot pour des raisons indépendantes de ma volonté propre, absence du conjoint, déménagement lointain) et à un enfant de plus en plus irritable, je suis devenue de moins en moins patiente.

 

Il ne faut pas frapper ses enfants (sans blague ?)

J’ai connu quelques épisodes épiques qui vous feront sans doute rire un peu… après le départ de mon mari parti s’installer en Californie avant nous, j’ai décidé de prendre une semaine de vacances au ski, en pensant que ça ferait passer le « temps sans papa », qu’on respirerait le bon air, que je me reposerais. Grossière erreur de débutante. Papa a manqué autant au ski qu’à la maison. Mais à la maison on avait 100m2 et un jardin pour passer le temps contre 18m2 et une tempête de neige à la montagne. Un après-midi que mon fils souhaitait que nous passions à skier tous les deux, je l’ai donc emmené sur la petite pente derrière notre résidence. Descente super chouette. Puis il a fallu remonter (pas de teleski, trop petit enfant et surtout trop petite pente). Je lui enlève ses skis, les porte avec les miens et lui tends mon bâton pour qu’il s’agrippe en remontant en escalier. Ca fonctionne 15 mètres. Et puis c’est le drame : « c’est trooooooooooooop long. J’veux pas monter j’veux descendre. Et puis y’a de la neige sur mes chaussuuuuuures. Pi j’veux papaaaaaaaaaaaaaaaa. » Je m’arme de patience, j’essaie de le convaincre, rien n’y fait. On remonte 5 mètres et ça recommence. Très fâché, il décide de me frapper dans les tibias (avec ses chaussures de ski, je précise) afin que je le porte : « toâââââ tu me pooooooortes !!! »  Donc là, naturellement, avec mes deux paires de ski à porter et le reste de mon attirail, je n’ai plus de patience en stock. Je commence vraiment à m’énerver. Je lui dis le plus calmement possible que je ne peux pas le porter avec les affaires. « Mais siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. » Donc je lui dis que je vais porter les skis, les poser un peu plus haut et revenir le chercher. « Mais nooooooooooooooon, tu reeeeeeeeestes . » Je porte les skis un peu plus haut, il s’agrippe a ma jambe, manque de me faire tomber et là j’en ai vraiment assez donc je me mets à crier. Je l’empoigne comme je peux par la combinaison (en plus il s’est mis à neiger), le remonte de 10 mètres, redescends chercher les skis et ainsi de suite. A chaque fois que je le pose il hurle, tape dans la neige, frappe le sol avec ses chaussures. Les passants sont consternés et certains me demandent, somme toute très gentiment, si j’ai besoin d’aide pour remonter mes skis. D’autres me souhaitent bon courage. Je continue mon ascension et à un moment, malgré les pleurs de mon fils, j’entends quelqu’un qui m’appelle. En anglais. « Uhuhu » me dit une femme en train de boire un thé a son balcon et qui a vu toute la scène. Je la regarde « Oui ?
- You, don’t hit your child, please. It’s very bad to hit children.
- Sorry ?
- Yes I saw you. You shouldn’t hit your child.
- You’re kidding ? You really think I did hit my child ? You there, up, having your coffee and just ask me not to hit him… You didn’t see anything at all. You don’t know anything at all. So just shut up your fucking moooooouth. "

Les gens s’arrêtent autour de nous. C’est encore plus impressionnant que mon fils qui hurle. Je ramasse mon fils qui ne pleure plus du tout, absolument étonné. Je ramasse mes skis. Je lève la tête et je hurle « And now because of you I am just crying. I never hit my child. Never ever. So don’t judge, just shut up.”

A la fin de cette scène, j’étais épuisée, mon cœur battait ultra vite, mon fils était totalement sidéré et les gens nous regardaient comme des bêtes curieuses. Heureusement que je pratique l’éduction bienveillante, hein ?!  En pleine galère personnelle qui fait que tu perds ton calme super facilement, tu trouves une vieille bique british qui t’explique du haut de son balcon que frapper les enfants c’est mal. Franchement j’avais juste envie d’escalader la façade de sa résidence pour lui enfoncer son mug dans la gorge. Non mais. Moi ? violente ? ah ! ah !

 

Grosse colère

Bon, il faut bien avouer que dans certains cas, on sent la grosse colère (de Robert) qui monte, qui monte, comme une bête furieuse et qui devient irrépressible. On devint exactement comme l’enfant auquel on reproche de s’énerver inutilement. Et l’enfant ne se calme pas. Et on s’enerve encore plus et on hurle des choses stupides comme « non mais tu vaaaaaaaaaaaas te calmeeeeeeeeeeeeer a la fiiiiiiiiiiiiiiin. » Bref, totalement contreproductif. Sauf qu’à cet instant précis, je ne comprends plus ce qui se passe, je ne comprends plus pourquoi mon fils est tout le temps en colère et je ne comprends plus pourquoi je ne parviens plus à le calmer calmement.

En emménageant dans notre nouvelle maison californienne, nous avons saisi l’opportunité de la nouveauté pour émettre de nouvelles règles de vie. La première c’est qu’il n’est plus autorisé de claquer des portes à la maison (un travers de mon cher mari qui exprime souvent ses désaccords et contrariétés de cette manière). Cette évolution est facilitée par l’architecture des maisons américaines en « open floor plan ». En gros on vient d’un appartement parisien où pour aller de la cuisine à sa chambre mon fils pouvait claquer 4 portes. Dans notre nouvelle maison californienne il ne pourrait en claque qu’une.

Malgré ces nouvelles règles, les comportements ne s’amélioraient pas. Pourtant papa était là. Donc j’avais aussi du mal à comprendre le problème. A chaque fois qu’il s’énervait mon fils se justifiait « c’est parce que j’veuuuuuuux voir papaaaaaaaaaaaaaa.
- Mais il est lààààààà papaaaaaaaa. Tu veux quoi de pluuuuuus à la fin ??? »
Et c’était reparti pour un tour de cirque…

Et à la moindre contrariété, hop, je me prenais un coup (tiens, pas de vieille bique dans les parages pour dire aux enfants de NE PAS FRAPPER leurs parents ?). Comme j’étais très fâchée de ce coup, soit je ripostais en l’emmenant fermement dans sa chambre « et maintenant tu vas te calmer ! » soit je m’enfuyais en fermant la porte de ma chambre à clef. Pas terrible…

Devant l’exposé de notre situation, les avis et conseils divergeaient. Certains nous ont recommandé, plein de bienveillance (sans ironie), de passer aux punitions. D’autres d’aller voir un psychologue. Côté américain, on nous ajuste expliqué que tous les enfants avaient des moments difficiles et qu’on devait les aider à passer par là pour se construire (wahou ! sont forts, ces ricains…). Bref, on était arrivé à ce moment où constater ses échecs est nécessaire et salutaire. Comprendre et admettre qu’on a loupé quelque chose, c’est déjà la moitié du problème de résolu.

Après m’être renseignée pour trouver un thérapeute, spécialisé dans les enfants, qui parle français, à moins de 1h de route de chez nous et pris en charge par notre assurance santé (il y en avait deux, tarif des consultations : $100 environ, pris en charge à 90% après $3000 déboursés de notre poche. Ah ! ah ! ah !), j’ai opportunément reçu une newsletter sur l parentalité positive à laquelle je suis abonnée mais que je survole généralement sans grand intérêt parce qu’elle donne des astuces un peu éculées (genre pour faciliter l’habillement le matin, donner le choix entre un polo rouge et un tee-shirt bleu… oui merci, mais mon enfant me frappe, en fait… donc à ce stade il s’habille comme il veut, hein, on n’en est plus là.) Dans cette newsletter il y avait un lien vers une vidéo (je ne regarde jamais les vidéos sur internet) qui proposait des trucs pour se faire obéir sans crier. Ah ! voilà un truc intéressant. Bon, j’ai regardé, sans grande conviction au début, puis finalement j’ai été intéressée. J’ai poussé plus loin et j’ai découvert Tarisayi de Cugnac, son blog My Kis Is Happy, sa chaîne YouTube, ses formations en ligne, son défi de 21 jours d’éducation positive et discipline bienveillante.

La vidéo qui m’a le mieux permis de revenir à l’essentiel de ma parentalité bienveillante est celle consacrée aux 5 étapes d’une communication bienveillante. Elle y rappelle que pour communiquer de manière bienveillante, la première chose, la chose capitale, primordiale, c’est de développer une intention bienveillante. Se mettre dans une tournure d’esprit bienveillante envers son enfant quoi qu’il fasse ou dise. Accueillir avec bienveillance ses comportements désagréables et violents est la première étape nécessaire pour pouvoir aller plus loin.

L'intention authentiquement bienveillante

Au début j’ai essayé d’avoir juste une voix plus douce mais ça ne marchait pas. Je pense que l’enfant « sent » si on est vraiment bienveillant ou si on essaie de le rouler… pour ancrer profondément cette bienveillance dans les pires moments, la meilleure solution proposée par Tarisayi est de recourir aux plus beaux souvenirs que l’on a de son enfant. Personnellement ce plus beau souvenir est celui de la première nuit que nous avons passée lui et moi à la maternité, cette nuit où je me suis dit qu’enfin je ressentais cet amour inépuisable et inconditionnel, et que jamais je ne serais en mesure d’aimer quelqu’un d’autre ainsi (bon, ça c’était avant d’avoir un deuxième enfant, quand on constate que cet amour peut grossir à l’infini). A chaque fois que mon fils m’agresse physiquement ou verbalement ou à chaque fois que la colère s’empare de lui, je me replonge dans cette première nuit de notre vie commune, y puise tout mon amour pour lui et en ressors émerveillée et sereine. Je peux alors m’adresser calmement à lui, avec une intention bienveillante et VRAIE. Et grâce aux neurones miroir, il va lui aussi se calmer par le simple fait que je suis calme et que je parle avec bienveillance.

Pourquoi est-ce que je peux, moi, garder mon calme et avec ma bienveillance le ramener lui au calme ? Parce que mon cerveau est complètement développé et que la partie qui gère les émotions n'étant pas mature avant 25 ans, je ne peux pas vraiment attendre de mon fils qu'il s'en charge. Et pourquoi moi je peux me permettre de me forcer à faire cela pour changer mes habitudes ? parce que les structures de mon cerveau vont se recomposer jusqu'à mes 45 ans environ. Je peux changer. Donc je le fais, pour l'aider à se construire, lui. Tarisayi l'explique très bien : moi, adulte, je suis responsable de mon émotion, de l'émotion que je choisis.

La deuxième étape pour que les choses se passent mieux est de comprendre pourquoi l’enfant se met en colère. J’avais bien intégré qu’il ne s’agissait pas de caprice. Je pensais qu’il s’agissait de frustration (le fameux biscuit cassé). Là j’ai enfin compris grâce à Tarisayi qu’il s’agit de besoins non satisfaits. Lorsque la colère monte et pleine de ma bienveillance toute neuve et authentique, je demande donc à mon fils quel besoin n’est pas satisfait. Besoin physiologique ? sommeil, faim, propreté ? besoin de sécurité ? besoin d’appartenance ? besoin de réalisation de soi ? besoin d’estime de soi ? En règle générale soit il a faim, soit son père ou ses cousins ou ses grand-mères lui manquent, soit il ne parvient pas à faire quelque chose, soit il ne souhaite pas faire quelque chose que je lui demande. Cela implique que je fasse un effort pour décrypter sa demande, pour comprendre ce qui le préoccupe et l’empêche d’être serein. Puis nous cherchons ensemble une solution pour résoudre le problème.

Cela fait une semaine que nous sommes revenus aux basiques de l’intention bienveillante et depuis deux jours le calme revient progressivement. Même le sommeil est de meilleure qualité, plus profond, plus réparateur. Je suis moi-même de meilleure humeur, plus disponible et surtout plus enthousiaste. Le cercle vertueux de la bienveillance se réinstalle progressivement à la maison et chacun peut être lui-même dans le calme et la joie. Youpi

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