Tous les lundis après-midi je suis en
réunion. Une de ces interminables réunions qui dénient le fait patent qu'au-delà de trois quart d'heures d'attention, votre cerveau n'est plus vraiment disponible. Il est communément admis qu'une
réunion dure deux heures. Personnellement je trouve que c'est trop long. Je suis partisane d'un ordre du jour serré et d'un minutage respecté des sujets.
Récemment j'ai lu un ouvrage de
Robert Sutton, professeur de management à la Stanford Engineering School, intitulé
Objectif Zéro-sale-con, qui
suggère que l'on puisse programmer "des réunions courtes, par exemple dans des salles où il n'y a pas de sièges, comme le suggèrent des études récentes (p.129)." Sutton pourrait ainsi faire
référence au Daily
Scrum, réunion quotidienne de
quinze minutes qui fait le point sur hier, aujourd'hui et les problèmes rencontrés. C'est une très bonne idée.
Cet après-midi, la réunion de direction du lundi a été remplacée par une réunion sur un thème spécifique où il était question de chiffrage de projets. J'ai constaté à cette occasion à quel point
il semble essentiel de donner un chiffre, quel qu'il soit, à l'appui de n'importe laquelle des idées que l'on soumet.
Pendant mes études, j'ai éprouvé beaucoup de difficultés en cours d'économie, micro et macro confondues, du fait de la
modélisation
mathématique à outrance. Il semblerait que le chiffre soit une garantie de vérité. Le quantitatif prend le pas sur le qualitatif et je suis inqiuète de notre incapacité à ne savoir convaincre
qu'au travers de chiffres. Mon père m'a toujours soutenu que si l'on voulait être cru, mieux valait dire "le 2 janvier 1985 il est tombé 58 centimètres d'eau au mètre carré en 45 minutes" plutôt
que "il a plu comme jamais l'hiver de mes cinq ans." J'ai moi-même expérimenté cette théorie.
Avancer des chiffres farfelus avec aplomb confère une surprenante crédibilité, ce que d'aucun pourrait appeler une honnête manipulation.