Ayant connu quelques déboires préalables dans des villes
étudiées pour la circulation des bicyclettes, je me suis montrée sceptique dès l'installation des premières bornes de
Vélib'
parisiens.
Au premier plan de mes récriminations : les parisiens semblent dédouanés de l'application du code de la route par le simple fait de mouliner sur un vélo. Passage pour piéton, stop, feu rouge,
sens interdit sont invariablement inconnus de la très large majorité des cyclistes de la capitale. Saviez-vous que
89% des
cyclistes parisiens interrogés en 2005 estiment qu'emprunter un sens unique est une bonne ou très bonne idée !
Face à un pare-bufle ils se mettent certes en danger, mais quand on est piéton, un garde boue avant peut aussi avoir son impact sur son mollet... comme je le dis à A. dès qu'elle rapporta son
vélo des iles atlantiques, rouler en vélo dans Paris : c'est dangereux ! Il est nécessaire de se protéger notamment
en
adoptant le port du casque de vélo malgré
quelques bémols : pas sexy mais très solide.
Ce comportement à risque se résoudra sans doute, à terme, avec l'habitude et un sérieux apprentissage. Ainsi dans la plupart des cités qui laissent libre cours aux deux roues à pédales, comme
Amsterdam ou Strasbourg, les conduites sont sensiblement différentes.
Deuxième critique et non des moindres : quel plaisir prend-on à pdéaler comme un dératé, sur un pavage disjoint, des bandes cyclables en hachure, dans les interstices laissés entre les voies de
bus et le caniveau, derrière un autocar deux étages le long des trottoirs de la place de la Concorde ? Se déplacer à Paris au grand air sur un vélo rime trop souvent avec crise d'asthme sous la
pluie. Aussi pour préserver la planète commencerons-nous par nous abimer les poumons. Et dans la joie, svp !
Force est également de constater que bien souvent, vous pouvez circuler avec votre vélo, l'accrocher à un réverbère, une grille d'arbre, une station de métro et n'en retrouver ni la selle, ni la
roue avant à votre retour. Evidemment, savoir attacher un vélo pour dissuader les emprunteurs de tout bord n'est pas donné à tout le monde. C'est un
art subtile qui nécessite souvent deux anti-vol dont un en "u" qui permettent d'attacher les différents éléments du
vélo entre eux puis l'ensemble à un garage improvisé le plus souvent volé au mobilier urbain. Pour la selle, pas grande chose à faire : acheter une selle peu chère et prier tout en étant toujours
prêt à repartir en danseuse ; emporter sa selle avec soi, peu pratique mais vraiment efficace, surtout quand il pleut. Quand il pleut, d'ailleurs, ou quand il neige, n'hésitez pas à emmailloter
votre selle dans un sac plastique, geste écologique qui vous permettra de recycler un sac mais aussi d'économiser une masse impressionnante de mouchoirs en papier parfumés à l'eucalyptus peu
adéquates pour le nettoyage de selle.
Finalement j'ai recouru trois fois au service Vélib'. Avec une certaine jubiliation et l'impression enfantine d'expérimenter un nouveau manège. Faut tout de même pédaler. Pour ce faire, faut tout
de même trouver un parc avec des vélos libres ET utilisables, lire beaucoup d'informations sur la
borne électronique adossée
à la station de vélos, avoir une carte bleue ou un
passe navigo, avoir 150€ pour la caution et de la patience.
Une fois que vous estimerez avoir pédalé assez loin, il faudra aussi rendre votre Vélib' : si vous vous arrêtez Porte de Montreuil à 15h, ça devrait aller. Si vous souhaitez vous garer sur le
parvis de l'Hôtel de Ville à 12h30, rendez-vous directement Porte de Montreuil en passant par la case RATP et ne prenez pas 20 000 francs.
Trève de plaisanterie, je dois avouer que c'est un chouette service avec un
énorme défaut que E. m'a fait remarquer dès son lancement
: dans vélib' il il y a liberté et se trimbaler avec un casque de vélo de rime pas vraiment avec spontanéité...