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Le quotidien de la vie

Concilier vie professionnelle de cadre, maternage proximal ou parentalité positive et agriculture biologique sur terrasse en ville.

Le juste poids

Le juste poids

Au début de mon suivi de grossesse, c’est-à-dire à trois mois de grossesse, alors que j’avais déjà pris deux bons kilos, mon gynécologue m’a dit que j’allais / devrais prendre entre dix et douze kilos sur neuf mois. J’ai essayé de ne pas me goinfrer (cela fait au moins 40 ans qu’on explique aux femmes enceintes que non, elles ne doivent pas manger pour deux) mais entre les nausées à résoudre par des en-cas et le fait qu’à table j’avais franchement davantage faim, j’ai grossi assez rapidement. Le médecin n’avait pas l’air de s’en alarmer alors moi non plus, ma foi et mise à part la responsable RH de mon cabinet qui m’a dit que, si si, j’avais des fesses plus larges, je n’ai eu que peu de remarques.

Lorsque j’ai commencé à avoir des contractions, au sixième mois, le suivi de grossesse a été repris par mon obstétricien (sur la différence très française entre gynécologue et obstétricien : lire ceci). Il s’est d’abord focalisé sur mon col et m’a mise au repos un mois. Début du septième mois, je le revois et là j’ai le droit à une vraie visite complète : échographie du col (pour mon problème spécifique et qui n’est donc pas réalisée dans tous les cas de suivi de grossesse), échographie abdominale (idem), prise de tension et pesée. Et là, c’est le drame. « Ouh ! là ! là ! Mais vous avez beaucoup grossi, vous !

- Ah ! bon ?

- Mais oui, mais oui… vous avez pris, si mes calculs sont bons, près de 8 kilos.

- Euh ! sans doute, oui.

- Mais c’est beaucoup trop !

- Ah ! mais le Dr. *** m’a dit que…

- Taratata ! ça ne va pas du tout. Je vous explique. A la naissance, donc dans deux mois et demi à trois mois pour vous, le bébé et ses accessoires (notamment le placenta, le liquide amniotique, etc.), pèsent dans les 6,5 kilos. Théoriquement, à la fin de votre grossesse vous devriez donc avoir pris ce poids. Comme on est généreux on vous laisse de 2,5 kilos de marge. Donc il ne faut pas dépasser les 9 kilos au total au moment de l’accouchement. Là vous êtes partie pour en prendre 11 ou 12… c’est beaucoup trop ! Allez, on va vous mettre au régime. »

Que nos lecteurs se rassurent, le régime consiste à supprimer les gâteaux, le fromage, le chocolat, le pain et les féculents. J’ai donc abandonné mes tartines beurrées du matin pour un grand bol de céréales complètes, mon croissant de 16h pour un fromage blanc 0% avec des morceaux de fruits frais et remplacé le rôti de porc mayonnaise et ses pommes de terre en salade par du dos de cabillaud à l’huile d’olive avec des courgettes. Évidemment, fini aussi les grenadines et autres jus de fruits apéritifs qui font oublier qu’on n’a pas le droit de picoler.

Quel est le juste poids ?

Bon, mais alors, quel est ce fameux juste poids que nous devrions prendre, nous, femmes enceintes ? Alors qu’il n’y a pas si longtemps encore on expliquait aux femmes qu’il fallait manger pour deux, comment en est-on venu à nous dire que la prise de poids idéale est de 6,5 kilos ? Un début de réponse se trouve dans l’analyse de la prise de poids pendant la grossesse : où vont tous ces kilos en plus ?

Voici un tableau qui circule sur internet. Réalisé à partir des travaux de Hytten et Chamberlain (Clinical Physiology in obstetrics – Oxford – 1991), il donne la répartition de la prise de poids à quatre moments forts de la grossesse (précisés ici en semaine de grosse et en semaine d’aménorrhée).

Le juste poids

Même si la prise de poids à terme prévue dans cette étude dépasse clairement les objectifs de mon obstétricien, la répartition reste valable si l’on additionne les postes futur bébé + utérus et poitrine + placenta et liquide amniotique.

Toutes égales devant la prise de poids ?

Une variable importante dans la juste prise de poids est le poids de départ de la future mère et plus précisément son indice de masse corporelle (IMC). En gros (c’est le cas de le dire), plus l’IMC de départ est faible, plus la future mère est « autorisée » à prendre de poids. La France s’est alignée depuis 2009 sur les recommandations de l’American Institute of Medicine (cf. tableau ci-dessous).

Ceci étant dit, pour vous montrer que mon obstétricien est quand même quelqu’un de sérieux, voici ce que révèle une étude menée sur 300 000 femmes suédoises et parue en 2007 dans la revue Obstetrics and Gynecology : une prise de poids très inférieur à celle préconisée par l’American Institute of Medicine permet d’abaisser le nombre de césarienne et de réduire les risques d’obésité et de surpoids à un an après la naissance.

Le juste poids

Une prise de poids non linéaire

En discutant un peu avec lui, je me rends compte que mon obstétricien s’inquiète surtout de la prise de poids du dernier trimestre car il sait, d’expérience, qu’elle est plus importante que celle des mois précédents. Elle serait en moyenne de 1,5 kilos / mois. La prise de poids de la femme enceinte n’est donc pas linéaire. Ainsi, lorsque le médecin vous prédit une prise de poids de 10 kilos pour l’ensemble de votre grossesse, il ne veut pas dire 1,1 kilo par mois. Oups, j’avais mal compris…

Même s’il faut garder à l’esprit que chacune d’entre nous va adopter un rythme de prise de poids qui lui est propre, cet état de fait s’illustre très bien dans les courbes de prise de poids idéale :

Le juste poids

Pourquoi surveiller ainsi la prise de poids ?

La prise de poids, comme le rappellent de nombreux intervenants, n’est qu’un indicateur parmi d’autres qui permettent au médecin de réaliser le suivi de grossesse. Il ne faut donc pas être alarmiste quant à une prise de poids qui diffèrerait légèrement des canons. N’oublions pas néanmoins qu’une prise de poids excessive peut aussi avoir des conséquences médicales pour la mère comme pour l’enfant. Le lien entre la prise de poids excessive et des complications pour la mère ou pour l’enfant ou pour les deux au moment de l’accouchement est ainsi avéré.

Pour la mère, une prise de poids excessive peut causer des complications vasculaires (AVC, hypertension artérielle, insuffisance rénale…) et / ou métaboliques (obésité, surpoids). Pour l’enfant, cela se traduira par un poids supérieur à 4 kg, une plus grande prématurité, du diabète. Au moment de l’accouchement enfin, on recourra plus fréquemment aux forceps ou à la césarienne, avec comme conséquences directes des hémorragies suivies de transfusion.

Une étude menée en 2012 sur plus de 1000 couples mères-enfants et publiée dans la revue Pediatrics a également établi un lien entre la prise de poids excessive pendant la grossesse et l’augmentation significative du nombre d’enfants atteints d’autisme ou de troubles psychiatriques graves (+67%). Voilà qui devrait nous motiver à adopter un objectif de juste prise de poids…

Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès inverse car la prise de poids est physiologique et nécessaire pendant la grossesse. Ainsi, ne pas prendre de poids ou prendre trop peu de poids pour les femmes de faible corpulence peut également présenter des risques comme une plus grande tendance à la prématurité et des difficultés d’allaitement. Quand je vous parlais de « juste poids »…

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J
Bonjour,<br /> Ayant un IMC autour de 20 (très standard) j'ai pris 23 kg pendant ma première grossesse (pour atteindre 83 kg) que j'ai reperdus facilement depuis (allaitement aidant ?) et mon bébé faisait un poids à la naissance tout à fait normal et tout s'est très bien passé. Donc pas de stress ! ;)<br /> a+
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A
Je reste partisane de ne pas prendre trop de poids car cela m'a bien servi au moment de l'accouchement sans péridurale, pour trouver des positions pratiques et confortables.