On a beau être grand, on peut toujours lire avec plaisir les
ouvrages de vulgarisation chers à
Camille Flammarion et qui donnent à connaître toutes ces choses que nos études,
même poussées, ont oublié de nous présenter... pour cette raison j'aime particulièrement les petits livres de la
collection La Découverte* des Editions Gallimard. J'ai donc mis à profiter mes trajets métropolitains pour lire cet
ouvrage de Jacqueline de Bourgoing,
Le Calendrier, maître du temps ?
J'y ai appris quelque chose d'essentiel qui me manquait pour me comprendre moi-même : la mesure du temps est une invention totale, qui a longtemps été le fait des élites et constituait un
véritable levier de manipulation. Je pensais que la souffrance engendrée par le non respect du temps, des horaires, des délais était quelque chose d'inné mais ce serait finalement acquis,
culturel et dépendant du milieu. Ainsi si je suis particulièrement sensible à la notion de ponctualité, c'est un construit. J'en viens même à m'interroger sur les origines du mot "ponctualité".
Depuis quand ce mot est-il utilisé dans le sens que nous lui donnons actuellement ? L'ATILF, ma web-référence, indique que l'occurrence a surgi en 1627 pour désigner "l'exactitude à faire à point
nommé ce qu'on doit faire." Mais le dictionnaire nous indique également que la ponctualité désignait aussi auaparavant "l'attention donnée à l'accomplissement de sa tâche" sans nécessaire
référence au délai.
J'ai évidemment appris de nombreuses autres choses plus factuelles sur le travail de découpage du temps entrepris dans les diverses civilisations que la Terre a vues, l'appropriation par le
religieux de cette capacité à découper le temps, l'orchestration des fêtes en sur-impression du temps païen et naturel.
Je connais désormais la valeur d'une
seconde (9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition
entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133).
Je sais que c'est seulement au VIème siècle (qui ne s'appelait alors pas ainsi) que
Denys Le Petit, à la demande du Pape
Jean Ier, situa la naissance du Christ le 25 décembre
ab urbe condita 754 ans auparavant. Date fausse, comme vous le savez sans doute. D'ailleurs c'est uniquement au IVème siècle qu'on
fixa la naissance de Jesus au 25 décembre. Cela répondait à la volonté des autorités ecclésiastiques de fixer les grandes fêtes religieuses en même temps que les équinoxes (Pâques au printemps,
Noël en hiver) et permettait de faire disparaître le culte de Mirtha, rapporté d'Asie Mineure par les soldats et qui glorifiat, chauqe 25 décembre, la naissance du soleil.
Enfin saviez-vous que le début de l'année variait : 21 mars en Russie, 1er septembre à Byzance, 1er mars à Venise, 25 mars à Reims, 25 décembre à Soissons ? En 1564, Charles IX a fixé le début de
l'année au 1er janvier pour toute la France... il a fallu attendre 1567 pour que l'édit soit appliqué !
N'oubliez pas : nous changeons
d'heure dans la nuit de samedi à dimanche !
Dimanche 28 octobre à 3h du matin il sera en fait 2h...
et pour ne rien rater, notez ça dans vos calepins pour les années à venir.
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ce site est exceptionnellement bien fait ! vous pourrez même y feuilleter les ouvrages de la collection. Bravo Gallimard !
Crédits : Le Calendrier, Maître du temps ? J. de Bourgoing, Ed. Gallimard, Collection La Découverte, Paris, 2000